L’allaitement maternel est un réel sujet quand on commence à mettre un pas dans la maternité. C’est bien évidemment la chose la plus douce et la plus adaptée pour préserver la santé de nos enfants. Mais on nous le vend souvent comme quelque chose d’instinctif et très naturel, mais malheureusement, ça ne se passe pas comme ça pour tout le monde. C’est avec une grande honnêteté que Laurie, nous fait part aujourd’hui de son allaitement difficile. Il a été rythmé de difficulté, entre : remise en question, douleur, culpabilité, trop d’information, pression et fatigue… L’allaitement est un don de soi. Alors, malgré tout ce qu’elle a traversé, je trouve que Laurie a été très forte mentalement pour avoir réussi à allaiter sa fille jusqu’à ses 4 mois. Derrière les difficultés se cache une maman combative et remplie de valeur. Désormais, place au témoignage.

Sa force de caractère et son courage m’ont énormément touché. Laurie nous parle d’un allaitement compliqué et d’une envie irrésistible d’y arriver.
Le témoignage de Laurie :
Mon allaitement et ses difficultés
Que pensais-tu de l’allaitement pendant ta grossesse ?
« Quand je suis tombée enceinte, l’allaitement est une question que nous avons eue avec mon mari. En effet, dans ma famille, il n’y avait personne à part mes belles-sœurs avec qui je pouvais échanger là-dessus, mais j’avoue être assez pudique à ce sujet, j’ai donc gardé mes questionnements pour moi. De plus, l’expérience de ma sœur me faisait un peu peur. Elle n’a jamais eu de montée de lait, et ce qu’il s’est passé a engendré des problèmes de nutrition pour ma nièce les premières années. Du coup, c’est seul, en essayant de ne pas penser aux expériences des uns et des autres, que nous avons pris la décision.
Pour moi, il m’était important de me faire ma propre expérience, et je voulais offrir à ma fille tout ce que je pouvais lui donner. Je voulais aussi partager ces fabuleux instants avec elle, alors, j’ai décidé d’allaiter. Mon mari m’a suivie dans cette décision tout en me disant que si je n’y arrive pas, ou que je n’en peux plus à un moment, il me soutiendrait toujours. »

Comment s’est déroulé ton accouchement ? L’as-tu bien vécu ?
« Un après-midi, alors que mes parents étaient chez nous, je dis à ma mère que je suis fatiguée. Je décide alors d’aller me coucher pour faire la sieste, chose que je ne fais jamais. Je me mets sur mon lit, j’ai comme envie d’aller aux toilettes, qu’importe la position dans laquelle je me mets, ça ne passe pas. Je me lève, vais aux toilettes, rien. En me levant des toilettes, grosse douleur. Je sais que c’est le moment. Ma mère active le chrono pour les contractions et appelle mon mari dans le jardin. Je lui dis qu’il a le temps puisqu’il faut attendre un certain temps entre les contractions pour aller à la maternité. Je me mets sur mon ballon et gère plutôt bien. Sauf qu’un moment, je regarde le chrono et me rends compte que les contractions sont hyper rapprochées ! J’appelle mon mari en panique, on appelle la maternité et elle me dit que si j’ai le doute, il vaut mieux que je vienne.
Arrivée à la maternité, je suis déjà dilatée à 6 (ça fait à peine plus d’une heure que je contracte) mais je ne comprends pas pourquoi je n’ai aucun répit entre les contractions. En branchant le monito, on se rend compte que mes contractions marchent par deux, donc au lieu d’avoir un temps de repos entre les contractions, j’ai seulement 10 secondes entre elles puis 30 secondes à une minute entre deux séries… Bref, moi qui voulais essayer de tenter sans péridurale, je la demande quand même, car je sais que ça sera pire après. Je suis déçue à ce moment-là, car je gère bien la première contraction, mais le problème c’est qu’à chaque fois, j’ai du mal à gérer la douleur de la 2ᵉ contraction de la série. Les sages-femmes m’expliquent que j’ai tout donné, mais qu’au regard des contractions, j’ai raison de la demander pour me soulager. Elles me remontent le moral, mon mari aussi.
Tout se passe bien ensuite, mais Lina a du mal à descendre. J’ai un regret : ne pas avoir demandé le ballon pour l’aider à descendre et pour me soulager. Au bout d’un moment, je demande à pousser. En 3 poussées Lina est dehors, tout va bien, on me la fait sortir puis m’aide à la mettre contre moi. Elle trouve directement le chemin du sein, c’est magique. Elle tête super bien, toutes mes angoisses au sujet de l’allaitement s’envolent. »
À la maternité, est-ce que l’on t’a accompagné pour ton allaitement ? Les positions ? Le tire-lait…?
« Vient la prochaine tétée et là, je déchante. Elle a du mal à s’accrocher au sein. À la fin de la journée, j’ai déjà de grosses crevasses, j’ai mal… On me fait tirer le lait pour nourrir la petite, mais on continue également de la mettre au sein. Les sages-femmes réussissent à faire en sorte qu’elle s’accroche au sein et m’expliquent deux positions. Mais chacune a une façon différente de faire. Je fais comme tout ce qu’on m’a montré, rien à faire, elle lâche le sein… Je commence à paniquer, à dire que je ne sais pas faire… Une sage-femme commence à me dire qu’il va falloir que j’y arrive seule si je veux qu’on sorte… Je découvre finalement, sur internet, les bouts de sein en silicone. Mon mari part en chercher, magie, la petite tête parfaitement, elle reprend son poids, on peut sortir. »
Comment s’est passé ton retour à la maison et la mise en place de ton allaitement ?
« En rentrant à la maison, mon mari m’a aidée à mettre la petite au sein. On voulait qu’elle ne s’habitue pas aux bouts de sein, alors avant de le lui proposer, on la positionnait au sein, sans rien. C’était mon mari qui la positionnait afin de m’aider, mais rien à faire, on décide donc de remettre le bout de sein. On agit comme ça, jusqu’à ses trois semaines, où elle prend de la force et réussit à téter sans. Mais là, elle commence à perdre légèrement du poids. La sage-femme n’est pas inquiète et ne me parle pas d’allaitement. Pour elle, c’est logique puisque j’ai déjà eu mon retour de couche et cela peut altérer le goût de mon lait. Elle pense que c’est le temps qu’elle s’y fasse.
Entre ses 4 et 6 semaines (ce n’est plus très clair dans ma tête haha), je l’amène chez l’ostéopathe pour ses coliques et j’avais lu qu’il était bon d’emmener un nouveau-né chez un ostéopathe. On discute (elle m’a suivie toute ma grossesse), et avec tout ce que je lui raconte, elle me dit : « Vous m’autorisez à regarder l’intérieur de sa bouche ? » Je ne sais pas où elle veut en venir, mais je la laisse faire et là, elle me fait comprendre que ce n’est pas ma faute. Elle m’informe que ma fille à un frein restrictif à la langue ainsi qu’à la lèvre supérieure. On les fait couper quelques jours après par une ORL. Lina souffre pendant une semaine, mais se remet à bien téter, ça change tout.
Le rendez-vous des 2 mois chez la pédiatre, me fait comprendre que tout n’est pas si rose, Lina n’a pris que 100g. Mais la pédiatre m’explique qu’elle peut avoir du mal à téter suite à son opération des freins de langue. J’y retourne une semaine après, elle a repris du poids. OUF !
Le rendez-vous des 3 mois arrive, Lina n’a pris que 10g… La pédiatre me dit qu’elle ne fait que pleurer parce qu’elle a faim... Mon cœur de maman pleure : Qu’ai-je fait ? Pourquoi faire durer tout ça ? Alors que ça lui fait du mal… Je décide donc de compléter ses repas au sein avec du lait artificiel, elle reprend du poids et des petites joues. Quant à moi, je reprends le travail. J’y tire mon lait, je ne tire que 50 ml maximum pour les deux seins… Tu m’étonnes qu’elle ait faim ! »

Au fur et à mesure, comment vis-tu l’expérience de ton allaitement ?
« À ses 4 mois, je commence la diversification et arrête de l’allaiter, de toute façon, je n’ai plus rien. Franchement, c’est un soulagement… J’ai vécu mon allaitement comme quelque chose de difficile, j’ai énormément pleuré, je me suis beaucoup énervée et la bulle que je voulais créer avec ma fille ne s’est pas créée, j’ai connu très peu de bons moments pendant mon allaitement. Mon mari m’a plusieurs fois dit que j’avais le droit d’arrêter, que ça le rendait triste de me voir dans cet état… J’aurais dû l’écouter, j’en aurais gardé un meilleur souvenir. Néanmoins, je garde quand même en mémoire ses instants où, collée à moi, elle se nourrissait du peu que je pouvais lui offrir. »

Qu’est-ce que tu aimerais faire passer comme message aux femmes qui souhaiterais allaiter, ou qui allaites encore ?
« Aujourd’hui, je sais que si mon prochain enfant rencontre des difficultés à prendre le sein, je demanderai à vérifier les freins de langue et je vous invite à le faire. Retenez une chose, vous êtes sa maman, vous savez ce que vous devez faire, n’écoutez pas les autres, écoutez vous. J’avais le sentiment que quelque chose clochait, je ne me suis pas écoutée, du coup ça ne s’est pas bien passé. »
Laurie est une personne entière et courageuse. À travers son témoignage, je souhaiterais vous rappeler que nous sommes toutes de superbes mamans !
Carolane.

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